En 1955, Nemours Jean-Baptiste s’associe avec son complice, le saxophoniste, chef d’orchestre et arrangeur Webert Sicot, pour former le Conjunto International1. Le 26 juillet de cette même année, l’orchestre donne son tout premier concert à Port-au-Prince, en Haïti. Quelques semaines plus tard, Webert Sicot quitte la formation, et le Conjunto International évolue pour devenir L’Ensemble Aux Callebasses2. Au départ, les rythmes principaux joués par Nemours Jean-Baptiste et ses musiciens sont basés sur le genre populaire Grenn Siwèl, également connu en Haïti sous le nom de Twoubadou, ainsi que sur la méringue et le quadrille haïtiens. L’orchestre interprète également des morceaux originaux sur des rythmes cubains tels que la Guaracha et le Son Montuno. En 1957, avec l’aide des frères Duroseau – Kreudzer et Richard, Nemours Jean-Baptiste invente progressivement le Compas Direct3, donnant ainsi naissance à un genre et à une culture musicale.

La musique urbaine cubaine, influencée par le concept du Big Band des États-Unis et du jazz, a une forte empreinte sur le Compas Direct. La présence d’instruments à vent tels que le saxophone, la trompette, le trombone, pour n’en nommer que quelques-uns, ainsi que la composition des premiers groupes, illustrent le lien entre ces deux styles musicaux. Cette filiation explique également l’utilisation fréquente du terme « band » dans les noms de nombreux groupes tels que Magnum Band, System Band, et l’organisation des groupes autour d’un chef d’orchestre, leader du groupe. Avec la contredanse Kwaze originaire du sud d’Haïti, le compas participe activement à la culture haïtienne4. Durant les années 1970, il connaît un grand succès dans les Caraïbes. Nemours Jean-Baptiste introduit également dans ses formations la guitare électrique, la basse, des percussions comme le Floor tom (en), et à la fin des années 1960, l’orgue ou le piano.

Compas digital En 1986, alors que de grands noms du compas commencent à percevoir un essoufflement de ce genre musical, le leader du groupe Top-Vice, Robert-Charlot Raymonvil, propose un nouveau concept révolutionnaire : le « compas digital » ou « compas nouvelle génération ». Ce groupe de trois musiciens, émergeant sur la scène Compas de Miami au sein de la communauté haïtienne, crée un véritable choc musical à ses débuts.

La présence d’Henry Celestin, l’un des piliers du compas haïtien, recruté peu de temps après la création du groupe, est déterminante. Il introduit un nouveau style de rythme, basé sur une présence répétitive et rythmée de la guitare avec effets (delay, super-chorus), et un groove que les Haïtiens appellent rapidement le kite’l maché (« Laissons tourner »). Bientôt, une boîte à rythmes remplace les percussionnistes, et un synthétiseur prend la place de la section de cuivres traditionnelle5.

Une toute nouvelle génération de jeunes musiciens (Sweet Micky, Carimi, Konpa Kreyol, Degré Konpa, Ti-Kabzy, T-Vice, etc.) profite de cette opportunité pour donner un souffle nouveau au Compas Direct, l’ouvrant à des influences musicales telles que le rap, le hip-hop, le r’n’b, le reggae et le ragga. Il est également important de souligner l’impact d’Ansyto Mercier et de son groupe Digital Express au début des années 1990.

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